9 mai 2009

MONDIALISATION : 69 euros par mois pour être reclassé en Inde









Ce pourrait presque être une blague de mauvais goût s'il ne s'agissait, probablement, d'une absurdité supplémentaire du Code du travail. Le PDG de la société Carreman, spécialisée dans le textile (tisseur lainier) à Castres (Tarn), a récemment proposé à neuf salariés qu'il envisageait de licencier de les reclasser en Inde où il possède une usine pour un salaire de… 69 euros par mois.










La loi française sur les reclassements des salariés devra surement être révisée par le gouvernement en rajoutant à la notion d'emploi équivalent, la notion de salaire équivalent. C'est, en tout cas, la proposition d'amendement que déclare vouloir porter le député de Castres, Philippe Folliot, à l'Assemblée Nationale prochainement.

INTERVIEW par les journalistes de La Dépèche du Midi :

Pourquoi avoir fait cette proposition à vos salariés ?

C'est la loi française qui nous oblige à faire par écrit une proposition de reclassement si on dispose d'autres sites même si c'est en Papouasie ou au Bangladesh. Je suis conscient que c'est stupide mais c'est la stupidité de la loi. Mais je n'ai évidemment jamais fait cette proposition oralement à mes salariés qui savent que je dévoue ma vie à Carreman et que je fais ce que je peux même si je reconnais que l'on ne s'en sort pas bien en ce moment. J'ai toujours été clair avec les salariés. Et, croyez-moi, je préfère travailler en France avec des Français qu'à l'étranger.

Pourquoi avoir délocalisé alors ?

J'ai toujours défendu le travail en France. Mais nous sommes dans un milieu très concurrentiel avec des clients qui ne sont pas toujours très "loyaux" et qui veulent acheter de plus en plus loin pour payer de moins en moins cher alors qu'ils revendent toujours au même prix. On a été obligé de délocaliser sinon c'était la fin. Et ces délocalisations nous ont d'ailleurs permis de préserver de l'emploi en France.

Mais vous licenciez encore neuf personnes à Castres…

Carreman a 20 ans cette année. Et si, sur les 10 premières années, nous avions une forte croissance, ce qui nous a d'ailleurs permis de racheter à l'époque des entreprises autour de Castres, ce qui prouve que par le passé on a fait en sorte de sauver de l'emploi, aujourd'hui nous vivons des moments extrêmement difficiles avec cette crise mondiale qui est en train de nous tuer.

Pensez-vous pouvoir bénéficier des différents plans de relance du gouvernement ?

Ne me parlez pas des gouvernements, qu'il soit de gauche ou de droite, on n'a jamais été aidé.
Il y a d'abord eu les 35 heures qui ont été un coup de massue pour la filière textile.
Ensuite on a libéré le marché en supprimant les quotas qui nous aidaient bien avant.
Je ne sais pas ce qui va se passer dans les semaines qui viennent. Je suis très inquiet. Je ne dors pas bien. J'ai des nœuds dans le ventre car je ne vois pas le bout du tunnel. Nous sommes sans doute à l'aube d'une grande catastrophe. Cela fait six mois que l'on tient mais on ne tiendra pas comme cela longtemps. Et d'ailleurs si on est encore debout par rapport à certains de nos concurrents qui ont déjà déposé le bilan, c'est parce qu'on a délocalisé.